Mort de Napoléon : de rumeurs en rumeurs…

« Les derniers moments de Napoléon Ier à Sainte-Hélène » (1866), de Vincenzo Vela (1820-1891).  
Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois Préau.

https://youtu.be/bRJyLZxQQAM

Le 5 mai 1821, après sept ans d’exil sur l’île britannique de Sainte-Hélène, l’empereur déchu Napoléon rend son dernier soupir. Les circonstances de sa mort continuent de faire débat.

« Mort de Napoléon » (1829), par le baron Charles Steuben (1788-1856).           Arenenberg, Napoleonmuseum.

Il faudra attendre deux mois pour que l’Europe soit informée de la mort de Napoléon.

La mention de la mort de Napoléon Bonaparte figure sur le registre des décès de Sainte-Hélène © GIANLUIGI GUERCIA / AFP.

Dès lors, des rumeurs circulent sur les causes du décès. Thierry Lentz, historien spécialiste du Premier Empire, directeur de la Fondation Napoléon qui co-organise l’exposition et co-auteur de La mort de Napoléon : mythes, légendes et mystères (éd. Perrin) revient sur ces théories souvent farfelues et rétablit la vérité.

« Napoléon sur son lit de mort » (1825), d’Horace Vernet (1789-1863).
Musée de la Légion d’honneur, Paris.

Ce que dit l’autopsie de Napoléon.

« Napoléon est mort dans d’atroces souffrances », résume l’historien. Dix jours avant sa mort, il termine de dicter son testament et déclare : « ne serait-ce pas dommage de ne pas mourir après avoir si bien mis ordre à ses affaires ? ». ll souffre alors de douleurs abdominales de plus en plus violentes. « Napoléon était très affaibli et anémié, décrit Thierry Lentz. Son père est mort dans des circonstances similaires, probablement d’une tumeur dans la région de l’estomac. Persuadé qu’il allait mourir de la même chose, l’empereur a demandé que son corps soit autopsié afin que son fils, l’Aiglon, puisse être mis au courant », en Europe.

« Napoléon sur son lit de mort, une heure avant son ensevelissement » (1843), de Jean-Baptiste Mauzaisse (1784-1844). Rueil-Malmaison, Musée du Château.

L’autopsie, réalisée par le médecin français Dr. Antommarchi, est « parfaitement lisible par les médecins d’aujourd’hui », précise Thierry Lentz. Elle atteste que l’empereur était atteint d’un ulcère perforé à l’estomac. « Normalement, on en meurt tout de suite mais Napoléon a eu de la chance : son foie est venu boucher le trou », poursuit Thierry Lentz.

Esquisse ou copie partielle du tableau de Jean-Baptiste Mauzaisse Napoléon sur son lit de mort, une heure avant son ensevelissement exposé au Salon de 1843.

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau).

L’autopsie révèle par ailleurs des lésions de l’estomac, sûrement cancéreuses, ainsi que des lésions sanguinolentes. Comble de l’infortune, le remède dont bénéficie alors l’empereur aggrave les saignements. « Deux ou trois jours avant sa mort, un médicament à base de mercure lui est administré, raconte Thierry Lentz. On ne savait pas, à l’époque, que c’était néfaste pour la santé. Cette surdose a certainement provoqué une hémorragie massive. »

« La Tombe de Napoléon » (1821), d’Horace Vernet. Wallace Collection.
 

La thèse de l’intoxication chronique

Malgré ces nombreux diagnostics, une théorie continue d’agiter les conspirationnistes : celle de l’empoisonnement à l’arsenic. « Elle est apparue dans les années 1960 suite à une lecture abusive des Mémoires du valet de chambre de Napoléon », explique Thierry Lentz. Un stomatologiste suédois, persuadé de reconnaître la description des symptômes d’un empoisonnement, fait procéder à des analyses de cheveux de l’empereur, qui révèlent des traces d’arsenic.

« Au XIXe siècle, il était d’usage de s’offrir des boucles de cheveux, rappelle Thierry Lentz. Des analyses ont donc pu être effectuées sur des mèches de cheveux de Napoléon à plusieurs âges de sa vie, ainsi que des cheveux de sa mère, ses sœurs, son fils. Toutes révèlent des doses d’arsenic semblables ». La théorie s’appuie par ailleurs sur une histoire d’adultère : Napoléon aurait batifolé avec Albine, l’épouse du comte de Montholon, son plus proche conseiller. « En réalité, sa femme Albine était partie depuis longtemps, rapporte en riant Thierrry Lentz. Le médecin légiste réputé Philippe Charlier a repris toutes les études à zéro. La relecture des documents fracasse la thèse de l’intoxication ».

Masque mortuaire en plâtre de Napoléon par Antommarchi, exemplaire original exposé au musée de l’Armée.

« Il y a une autre théorie qui confine au ridicule, ajoute Thierry Lentz. C’est celle de la substitution des cadavres. » Les rumeurs affirment que la dépouille de Napoléon aurait été récupérée par les Anglais. C’est le corps d’un des valets de chambre qui aurait été inhumé aux Invalides, vêtu en Napoléon. « C’est du grand guignol, il n’y a aucune documentation mais le complot traverse les âges », se désole l’historien. Assurément, ces mystères entretenus depuis deux siècles ont alimenté la légende napoléonienne.

La vallée du Tombeau, anciennement « vallée du Géranium », est un terrain situé dans le district de Longwood sur l’île de Sainte-Hélène, mais appartenant aux Domaines français de Sainte-Hélène, sur lequel fut érigée la première tombe de l’Empereur Napoléon Ier.
Le tombeau de Napoléon aux Invalides. 

https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/dossiers-thematiques/la-mort-de-napoleon/

https://www.herodote.net/5_mai_1821-evenement-18210505.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mort_de_Napol%C3%A9on_Ier

https://www.geo.fr/histoire/mort-de-napoleon-de-rumeurs-en-rumeurs-203947

https://youtu.be/bRJyLZxQQAM

https://youtu.be/6XpthDkU0RY

https://youtu.be/R4e520u-3IQ

https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-mardi-02-mars-2021

https://fondationnapoleon.org/activites-et-services/histoire/2021-annee-napoleon/

Détail : les symboles napoléoniens dans « Napoléon couronné par le temps écrit le Code civil » par Jean-Baptiste Mauzaisse (1833)
© RMN – musée du château de Malmaison / D. Arnaudet.